Écriture,  Eyridian

Écrire, partie 1 : Mais d’où vient l’inspiration ?!

Les inspirés, chose bizarre, méconnaissent l’inspiration.
– Victor Hugo

photo par Tirachard Kumtanom : lien

Bonjour cher lecteur, chère lectrice. J’espère que tu vas bien, et que tu n’as pas trop chaud !

Aujourd’hui, je vais commencer une nouvelle série d’articles, à propos de ma « technique » pour écrire un livre – et l’écrire plutôt rapidement-. Ma légitimité pour parler de ça ? Hum, elle n’est peut-être pas bien importante. Mais je te fais part de mon expérience, et tu en retireras ce que tu voudras !

Pourquoi parler d’écriture ?

Il est inutile de pointer le fait que je ne suis pas la plus rapide, ni la plus aguerrie en termes d’écriture de roman. Depuis 2016, j’en ai publié deux, ce qui fait environ un par an. C’est juste que lorsque je décide de m’y mettre, j’ai tendance à « sprinter ». Probablement parce que ma capacité de concentration est assez faible, mais aussi parce que je sais que mon inspiration et mon « envie » s’essoufflent rapidement.

Je peux passer plusieurs semaines sans rien écrire, puis finir la moitié d’un tome de 410 pages en deux semaines et demi. J’essaie de travailler là-dessus, mais j’ai beaucoup de mal à tenir des objectifs en « période creuse ». Est-ce que c’est grave ? Absolument pas ! Je ne suis pas là pour écrire trois livres par an, à une cadence que je trouverais infernale parce qu’imposée. J’écris parce que j’aime ça, et parce que j’ai des histoires dans la tête qui peuvent intéresser des gens – je crois.

J’écris depuis toute petite, et je n’ai réussi à finir et publier une histoire qu’en 2016, après une quinzaine d’années de « faux-départ ». Je ne dis pas ça pour me vanter, mais pour pointer ceci : à un moment, on a un déclic. Ce déclic peut venir de n’importe où, et il faut beaucoup de travail pour ne pas le laisser passer, mais si je suis capable d’écrire des mini-pavés, alors toi aussi tu l’es. C’est très clair.

Sur Facebook, j’ai demandé à mes Kikilos de me poser des questions sur l’écriture/comment j’écrivais, et ils l’ont fait (merci beaucoup, encore une fois).

https://www.facebook.com/Lilart33/photos/a.504895079623541.1073741838.280501518729566/1742858969160473/?type=3&theater

N’hésite pas, si tu as des questions, à commenter directement la publication ou à laisser un commentaire sous cet article 😉 .
Bref, j’ai eu plusieurs questions, que je vais traiter en vous faisant part de mon expérience – et seulement la mienne – et en une série d’articles. Voilà pour le contexte.

Le sujet qui me semble à la base de tout, c’est l’inspiration. C’est quelque chose qui est vraiment difficile à appréhender, et je vais t’expliquer un peu comment je vis ma relation avec elle. C’est parti ? C’est parti !

L’inspiration, Muse amie qui va et qui vient

D’où est-ce que je tire mon inspiration ? Pour être tout à fait honnête, je n’en sais rien (non, non, reste !). Beaucoup d’idées se bousculent dans ma tête, à peu près… tout le temps, et lorsque j’en ai une que je pense pouvoir exploiter, je la note quelque part. Résultat, j’ai des idées de romans, de BD, de dessins, et même une comédie musicale qui traînent dans mon portable, sur mes feuilles de cours, le derrière de mes dessins, ou l’un des 26 000 carnets que j’ai achetés/qu’on m’a offerts. Je n’ai plus qu’à piocher lorsque j’ai besoin de matériel (c’est d’ailleurs comme ça que j’ai écrit le premier tome d’Eyridian).

Comme je l’ai dit cependant, mon inspiration et mon envie s’essoufflent vite. C’est pour ça qu’après l’écriture du « Pays Noir », j’ai décidé de partir sur une autre façon d’écrire, qui convient mieux à ma façon de travailler : le plan. J’y reviendrai dans le prochain article.

J’ai la chance d’avoir une imagination qui travaille non-stop. Je tire mon inspiration de tout -absolument tout- ce qu’il se passe autour de moi, ce que je lis, ce que j’entends, la musique que j’écoute… Mais il existe des outils qui « boostent » l’inspiration. En voici trois que j’ai essayé… et que je te conseille.

1 : Invente des histoires, trouve l’inspiration avec Rory’s Story Cubes (promis, ce n’est pas sponsorisé)

J’ai découvert le jeu de « Rory’s Story Cube » chez Doriane en juin. C’est un formidable outil, je trouve, pour inventer des histoires et « devenir inspiré-e » ! Je parle de ce jeu là parce qu’il m’a fait beaucoup d’effet, mais je suis certaine qu’il existe des tonnes de jeu de cet acabit. Je pense à Dixit par exemple, qui peut marcher un peu comme Rory’s Story Cube – même si ce dernier est vraisemblablement fait pour ça alors que Dixit non-.

Comment un jeu peut aider à trouver l’inspiration ?

Ce jeu est constitué de neuf dés, sur lesquels sont dessinés cinquante-quatre symboles. Les symboles peuvent vouloir dire n’importe quoi, c’est à toi de décider ce que tu y vois. Il n’y a pas de règles pour ce jeu, juste des directions à prendre. Voilà ce que je trouve intéressant comme déroulé de « partie » :

-> Au début de la partie (dans notre cas, on utilise les cubes tout seul ou toute seule), on lance trois des neuf dés. Ces dés-là vont nous donner les caractéristiques de notre personnage principal.

Photo par mpclemens : https://www.flickr.com/photos/mpclemens/15343533039

Imaginons que j’aie tiré le point d’interrogation, la fleur et le visage de martien.

Mon personnage sera une jeune femme qui enquête (point d’interrogation) sur les monstres (visage de martien) et qui adore la nature (la fleur).

Bien sûr, ce n’est qu’un départ. On peut – et c’est mieux – ajouter de la profondeur au personnage. Mais c’est déjà bien parti, non ?

-> Ensuite, le choix est à toi. Tu peux lancer les neuf dés et te baser là-dessus pour raconter l’histoire que vit le personnage, mais ça risque d’être beaucoup pour commencer. Je propose donc de tirer les dés trois fois, en utilisant trois cubes. Et hop, ça nous fait une histoire en trois parties, ce qui est une des structures les plus utilisées de nos jours !

Donc, je tire trois dés. Je tombe sur l’horloge, le cadenas et les masques de théâtre. Je dois absolument utiliser ces éléments dans mon histoire, de quelque manière que ce soit.

Un peu de background pour commencer. La jeune femme a commencé à enquêter sur les monstres parce que quand elle était jeune (horloge), sa meilleure amie a été enlevée par une créature non-humaine. Depuis, Sam cherche désespérément des preuves de l’existence des monstres – et des traces de son amie. Un jour, un client vient la voir. Il semble étrange, comme cachant quelque chose (les masques de théâtre – il y en a un qui sourit et l’autre pas, donc pour moi ça peut faire penser à la dualité des gens, et à la trahison) et lui demande de retrouver la clé d’un coffre ancien (cadenas) qu’il a retrouvé chez sa grand-mère. Sur ce coffre, d’étranges scènes sont représentées. Des scènes de monstres…

Je réitère deux fois : le deuxième lancer me donnera des idées pour les péripéties du milieu. Le troisième lancer me servira de dernière partie, durant laquelle mon histoire est censée trouver une conclusion. Et voilà ! Avec des cubes, j’ai inventé une histoire. J’ai trouvé l’inspiration.

Ces histoires imaginées à l’aide des cubes, tu en fais ce que tu veux. Tu peux les étoffer, écrire 50 000 mots dessus. Tu peux les laisser de côté. Tu peux en récupérer des bouts… Elles sont à toi, et ce sont des petits bouts d’inspiration qui traînent. C’est la preuve que tu peux inventer des récits avec un début, un milieu et une fin…!

Bien sûr, je parle d’utiliser des dés, mais ça veut dire acheter le jeu. Je ne peux que te le conseiller, honnêtement, mais fabriquer des dés soi-même n’est pas très difficile, et tu peux trouver tous les dessins présents sur les cubes, ainsi que d’autres propositions d’utilisation, sur ce site : Jeux Stratégie . Ainsi, tu peux créer toi-même ta « base de contraintes » !

2 : Trouve l’inspiration via les concours, leurs deadlines et leurs contraintes

C’est compliqué de commencer une histoire. C’est encore plus compliqué de la terminer. Cela semble impossible lorsqu’on envisage une saga de dix tomes. Alors, il y en a qui se lancent bille en tête et qui tiennent, qui arrivent à cultiver l’inspiration et à la garder près d’eux et d’elles, et c’est vraiment fantastique pour eux. Mais nous, les autres, on se retrouve sur le bord du chemin, à les regarder écrire en se disant que non, finalement, on n’en est pas capables.

C’est bien évidemment faux. 

Mais comme pour tout, il faut travailler avant d’arriver à écrire dix tomes de 600 pages. Un moyen – gratuit celui-là – qui peut nous permettre d’activer l’inspiration et de l’apprivoiser petit à petit, c’est les concours et les appels à texte. En tout cas, c’est quelque chose qui m’a aidée, personnellement. Pourquoi ?

Des contraintes, comme les dés, pour cadrer l’inspiration

Comme pour les dés, je trouve inspirant d’avoir des contraintes. Elles permettent de se retrouver moins souvent devant une feuille blanche, sans savoir quoi écrire. Elles donnent des directions, un cadre plus ou moins large, qui nous permettent de nous lancer lorsqu’on n’a pas trop confiance en soi.

Les contraintes des concours peuvent être sur le thème, sur des éléments qu’il faut absolument intégrer. Elles sont souvent des contraintes de taille, et c’est un des éléments les plus intéressants pour moi. Parce qu’écrire une histoire en 10 000 mots, en 5 000 mots, ce n’est pas la même chose que de dérouler 100 000 mots. C’est plus court, c’est moins effrayant, moins vide.

C’est comme ça que j’ai écrit le premier tome d’Eyridian, d’ailleurs. En participant à un concours. Et je m’y suis mise, déjà bien entendu parce que j’étais soutenue, mais également parce que le compte de mots qu’il fallait dérouler était précis et me semblait réalisable. Participer à ce genre de concours, écrire des nouvelles, permet de « muscler » la capacité d’écriture. C’est en forgeant qu’on devient forgeron, c’est en écrivant qu’on devient écrivain – et qu’on attire l’inspiration.

Tu peux retrouver, sur le site de l’Écrivain Alchimiste, une liste de concours et d’appels à texte mis à jour régulièrement : clique !

Des contraintes de temps pour « obliger » l’inspiration à venir te rendre visite

J’étais le genre d’élève à travailler ses rédactions et autres dissertations la veille du rendu. Je suis toujours le même genre de personne, et j’ai énormément de mal à me tenir aux deadlines. Mais d’un autre côté, lorsque je n’en ai pas, je ne fais rien. Je me laisse porter. Je me dis que je le ferai demain, et, immanquablement… je ne le fais pas.

Les limites de temps dans les concours sont quelque chose qui m’aident beaucoup à travailler l’inspiration. C’est ce qui me fait lancer mon logiciel d’écriture parce que là, j’ai une idée, et qu’il faut que j’écrive maintenant, plutôt que de noter quelque part et de l’oublier en me disant que dans un an, je reprendrais peut-être ce truc. J’ai besoin d’un cadre, d’un drapeau d’arrivée, pour m’obliger à utiliser l’inspiration que j’ai. Et si tu fonctionnes un peu comme moi, ça peut t’aider également.

De toute façon, plus tu feras travailler ton imagination, plus l’inspiration viendra « facilement ». C’est comme n’importe quel sport, n’importe quelle activité : au début c’est long, c’est complexe, tu te dis que tu n’y arriveras jamais. Et puis, sans t’en rendre compte, à force de répétition, tu te retrouves à courir cinq kilomètres par jour ou à faire une génoise parfaite. Les concours sont la parfaite opportunité de t’entraîner dans un terrain cadré, dans un laps de temps donné.

3 : Écrire par sessions et ne pas se frustrer si ça ne vient pas

J’essaie d’écrire tous les jours, mais je ne force pas si je sens que vraiment, je ne pourrai rien raconter aujourd’hui. Pour moi, les heures les plus « productives » sont le matin, juste après m’être levée, et la nuit, surtout en été, mais chacun a son rythme. Durant le mois de juillet, j’ai plus écrit à la lumière d’une ampoule électrique que du soleil, parce qu’il faisait beaucoup trop chaud pour moi, ou que j’avais juste autre chose à faire.

Pour cultiver et apprivoiser l’inspiration, c’est très important de continuer à faire des choses dehors, de voir des gens, de visiter des choses… Parce que si on ne vit pas, on n’a rien à raconter. C’est ce que je pense, en tout cas.

Mais bon. Outre le fait de vivre et de se créer des souvenirs, il y a bien un moment où on doit écrire. Et encore une fois, il me faut un cadre. Je me suis donc mise à écrire par sessions de 25 minutes, parce qu’il paraît que c’est un laps de temps pendant lequel on est très productif et qu’on est pas (trop) sujets à la déconcentration. C’est moins d’une demi-heure, on ne voit pas trop le temps passer, et parfois on a de bonnes surprises.

Au début, j’utilisais tomato-timer. C’est un chronomètre de 25 minutes, avec une petite alarme et tout, c’est sympa pour travailler. Malheureusement, c’est un site, il faut donc ouvrir son navigateur préféré et pour moi, ça veut dire ouvrir tous mes réseaux sociaux et… adieu l’inspiration et la productivité ! En plus, j’avais un chrono, mais aucune « visualisation » de mon travail, ce qui me démotivait un peu au final.

J’ai donc décidé de passer sur une application (Writeometer, mais il y en a d’autres) qui me lance des sessions de 25 minutes, me fait des rappels pour écrire tous les matins, et dans laquelle je me donne des objectifs et note les mots que j’écris par session. Bien sûr, c’est juste que je suis un peu flemmarde, je pourrais très bien écrire ma progression sur papier, me faire un petit carnet trop chouette avec des objectifs écrits et tout (bon, je le fais aussi, mais pour les « gros » objectifs, pas les « petits »). Bref, même principe que la partie « concours » : c’est en écrivant qu’on trouve l’inspiration. Et qu’on assouplit son imagination.

Mais tu n’es pas obligé-e de partir directement sur des sessions de 25 minutes ! Samantha Bailly, une autrice vraiment très cool dont j’ai déjà conseillé la chaîne YouTube plusieurs fois, a lancé son « défi sablier » : un challenge pour écrire tous les jours, en augmentant le temps d’écriture chaque jour. C’est bien pour installer une routine, et les explications sont par là : le blog de Samantha.

Les sessions ne sont pas la solution miracle, loin de là. Parfois, l’inspiration ne vient pas, et, comme je l’ai dit un peu plus tôt, il ne faut pas forcer selon moi, au risque de se frustrer et de vexer ta Muse. Si tu jettes un œil à ma progression sur la semaine du 16 au 22 juillet, tu te rendras compte qu’il y a trois jours pendant lesquels je n’ai pas du tout validé mon objectif. Samedi, je suis restée un peu plus de quatre sessions devant mon ordinateur, essayant de forcer les mots à sortir. Impossible. Ça arrive. Mon esprit était fatigué, je n’étais pas dans de bonnes dispositions, je ne savais plus vraiment où j’allais : dans ces cas-là, il faut fermer son logiciel et faire autre chose, à tout prix. Sinon la frustration prend le pas et ça peut nous bloquer pendant longtemps.

Enfin : De petits rituels qui te font te sentir bien

Je n’écris jamais mieux que lorsque je suis à mon bureau, une bougie odorante allumée, une feuille et un crayon à ma gauche et le plateau rangé. Je ne peux pas écrire sans musique, et je me suis fait une playlist spéciale pour l’écriture, ce qui fait que lorsque je la lance, mon cerveau se met tout de suite en « mode écriture ».

Il te faut aussi trouver les petits rituels, les endroits qui te font te sentir bien, et qui te permettent d’être suffisamment tranquille avec toi-même pour écrire.

Je crois que c’est tout ce que je pouvais dire aujourd’hui sur l’inspiration. Et cet article est déjà bien long, donc je vais te laisser ici. S’il y a des choses qui manquent selon toi, ou si tu as d’autres questions, laisse un commentaire !!! Et partage tes astuces pour trouver et garder l’inspiration 😀

Pour aller plus loin dans l’inspiration

Et pourquoi… on ne se ferait pas un petit challenge entre nous avec des dés et des contraintes ? Est-ce que tu serais intéressé-e ?

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.